Malgré une baisse globale de la consommation d’alcool en France, ses conséquences restent préoccupantes : 41 000 morts par an, un coût social de 102 milliards d’euros. Pourtant, la prévention de la consommation d’alcool est loin de bénéficier de l'attention qu'elle mérite. En jeu : la santé publique, souvent reléguée derrière les intérêts économiques et culturels.

L’alcool en France : une question de santé majeure…

Selon les chiffres d’un rapport de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) paru le 27 novembre 2025, chaque Français a consommé en moyenne 10,35 litres d’alcool pur dans l’année. Un chiffre en baisse de près de 4 %… mais qui ne doit pas cacher le fait que l’alcool reste un problème de santé publique majeure dans notre pays. Car les chiffres sont particulièrement alarmants : l’alcool est directement responsable de 41 000 décès chaque année, notamment des cancers, des maladies cardiovasculaires et des accidents. À ce bilan humain s’ajoute le coût social de l’alcool, estimé à 102 milliards d’euros par an : un chiffre bien supérieur aux recettes fiscales générées par les taxes sur l’alcool.

… pour un intérêt politique mineur

Malgré ce constat, à la différence du tabac, la prévention alcool reste trop rarement une préoccupation des politiques publiques. Quand des élus parlent de l’alcool, c’est le plus souvent pour soutenir le secteur viticole voire pour déclarer, à rebours de toute les connaissances scientifiques, que le vin serait moins nocif que les autres alcools… Ces discours ont des répercussions directes en terme de santé publique : de l’annulation en 2019, sous la pression des lobbies viticoles, de la campagne Dry January qui devait être porté par l’État, à la mise au placard en 2023 de campagnes de prévention. Cela illustre à quel point les intérêts économiques semblent peser bien plus lourd que la santé.

Les mesures à prendre sont pourtant connues

Que faire pour réduire l’impact négatif de l’alcool sur la santé publique et la société ? En réalité, les mesures à prendre sont déjà connues, elles reposent sur quatre axes :

  • Des campagnes de prévention efficaces, basées sur la motivation : le Dry January qui célèbrera en janvier sa sixième édition en est l’illustration parfaite. En invitant les Français qui le souhaitent à une pause d’alcool, dans un esprit positif et collectif, il permet à des millions de personnes (4,5 millions selon les estimations 2024 !) de reprendre le contrôle de leur consommation de manière durable. Il est plus que temps que l’État soutienne cette initiative associative.
  • La régulation de l’accès au produit, notamment pour les jeunes : l’interdiction de la vente aux mineurs est encore trop mal appliquée dans notre pays. La piste d’un prix unique par unité d’alcool, mise en œuvre en Écosse où elle a significativement réduit les hospitalisations et décès, permettrait également de réguler l’accès.
  • L’existence d’appuis de proximité par les personnes, qui nécessite le financement adéquat du réseau d’addictologie.
  • L’intervention précoce, avant que la dépendance ne s’installe, et la réduction des risques.

Accompagner toutes celles et ceux qui en ont besoin

Mais si la réduction de la consommation d’alcool se doit d’être un objectif de santé publique de notre pays, il est nécessaire d’accompagner toutes celles et ceux qui en ont besoin.

La Fédération Addiction y travaille depuis de nombreuses années et notamment en soutenant le déploiement d’actions de réduction des risques. Elle se déploie notamment dans les centres d’accueil-hébergement-insertion, par des formations ou des projets qui permet d’outiller les professionnels afin d’intégrer ces nouvelles pratiques dans l’accompagnement.