Des nouvelles données sur le chemsex

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Article rédigé par Fédération Addiction 22 octobre 2024
L'OFDT a publié ce 17 octobre 2024 de nouvelles données sur l'évolution du chemsex, notant une diversification des substances consommées, l'essor du slam et le développement du chemsex à distance.

L’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT) a publié ce 17 octobre 2024 une nouvelle note faisant le point sur l’évolution du chemsex depuis 15 ans.

L’observatoire rappelle que le chemsex est une pratique en plein essor, intriquant usage de drogues et activité sexuelle au sein de la communauté des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH). Le caractère communautaire du chemsex est central : les participants recherchent souvent à travers ces pratiques une forme de sociabilité, d’acceptation ou encore de liberté sexuelle. Les rencontres se déroulent principalement via des applications ou des plateformes en ligne, consolidant des réseaux où l’usage de substances est une norme partagée. Cette dynamique crée des communautés d’usage où les règles de sociabilité et de confiance sont fondamentales.

Nouveautés par rapport aux données antérieures

Les données récentes montrent plusieurs évolutions notables. Tout d’abord, la kétamine, autrefois rare dans le contexte du chemsex, est désormais fréquente, marquant une diversification des produits consommés, jusque-là dominée par les cathinones et le GHB/GBL. Le slam, ou injection de drogues, tend à devenir plus visible et accepté. Une autre nouveauté est la montée en puissance du chemsex à distance, où les interactions sexuelles et l’usage de drogues se font par écran interposé, une pratique accentuée par les confinements liés au COVID-19. L’évolution du mode d’approvisionnement des substances se remarque également, avec une sophistication des méthodes de vente via les réseaux sociaux et les applications de rencontre.

Les études les plus récentes sur la diffusion du chemsex révèlent une pratique plus répandue qu’auparavant. Selon les enquêtes, 13 à 14 % des HSH ont pratiqué le chemsex dans les 12 derniers mois, et environ 5 à 7 % lors de leur dernier rapport sexuel. La pratique du slam concernerait environ 2 % des HSH. De plus, on observe une plus grande diversité socio-économique parmi les chemsexers, incluant des participants issus de milieux précaires et des migrants

L’action des professionnels de l'addictologie

Face à ces nouvelles dynamiques, les professionnels de l’addictologie ont intensifié leurs efforts pour répondre aux besoins des chemsexers. Des consultations spécialisées « chemsex et slam » ont vu le jour dans plusieurs structures de santé. Les CSAPA et CAARUD jouent un rôle clé en fournissant des kits d’injection stérile, de la prévention des risques, et des espaces de parole pour les usagers. Des actions communautaires, comme l’éducation par les pairs et la distribution de matériel de réduction des risques, se sont aussi développées. Les professionnels notent une augmentation des consultations pour dépendance liée aux cathinones et au GHB/GBL, ainsi que des problèmes psychiatriques liés à des consommations compulsives.

La Fédération Addiction et AIDES, qui mènent conjointement le projet ARPA-Chemsex depuis 2021 organiseront le 6 novembre 2024 une journée de restitution de ce projet où seront présentés les actions menées et un nouveau guide Aller vers les chemsexeurs. Les inscriptions sont ouvertes :

S'inscrire à la journée chemsex du 6 novembre

Télécharger la note de l'OFDT sur le chemsex