Affaire Palmade : Mediapart revient sur le traitement médiatique
Un emballement médiatique ?
Le tragique accident de voiture de Pierre Palmade le 11 février, avec un bilan très lourd (une femme enceinte a perdu son bébé, son beau-frère et son fils dans un état grave, un homme légèrement blessé en plus de Pierre Palmade lui-même), a causé d’innombrables commentaires médiatiques sur « le sujet de la drogue et du sexe dans la communauté LGBT+ ». C’est ce qu’analyse David Perrotin dans un article pour Mediapart paru le 16 février 2023.
Le journaliste relève de nombreuses approximations sur ces questions comme une journaliste de BFMTV samedi déclarant que Palmade «aurait consommé des drogues de type chemsex en injection », une « phrase [qui] ne veut rien dire mais fait couler beaucoup d’encre et permet aux médias généralistes de s’intéresser à cette problématique. »
Un dilemme pour les professionnels
David Perrotin relève que la séquence médiatique est un dilemme pour les professionnels des addictions : participer à l’emballement médiatique permet-il de d’apporter des éléments d’éclaircissements sur ces questions ? Il a notamment interrogé Fred Bladou de AIDES, association avec laquelle travaille la Fédération Addiction dans le cadre d’un projet sur le chemsex : « Mes pensées vont à la famille blessée par un usager au volant, mais l’exercice est périlleux. La ligne de AIDES comme la mienne, c’est de se concentrer sur le message que nous portons habituellement en militant pour une meilleure prévention des conduites addictives et des moyens efficaces pour que ces drames ne se reproduisent plus ».
Muriel Grégoire, psychiatre en CSAPA à Aix-en-Provence et adhérente de la Fédération Addiction pointe un « grand déballage » et avec Fred Bladou ils dénoncent « un biais homophobe dans ce traitement médiatique avec des amalgames entre la sexualité des gays, la pratique du chemsex et l’accident de Palmade ».
À cela s’ajoutent les préjugés sur les personnes qui consomment des drogues, ce qui a des conséquences très concrètes :
« Cette toxicophobie exprimée par des gens qui ne connaissent pas le sujet a des conséquences et je le vois sur mes patients. Des gens qu’on marginalise, qui craignent de dire qu’ils se droguent par peur d’être jugés ou qu’on refuse de soigner dans certains services d’urgence »
Muriel Grégoire.