Une enquête sur la pratique du jeu chez les jeunes de Seine-Saint-Denis
La mission métropolitaine de prévention des conduites à risques (MMPCR) est un service rattaché à la fois au département de Seine-Saint-Denis et à la ville de Paris. Ellle a pour but de mettre en œuvre la politique de prévention des conduites à risques dans tous les domaines (santé, justice, éducatif, insertion, etc.).
Le département a commandé à la MMPCR une enquête sur les pratiques des jeunes de 13-25 ans en termes de jeux d’argent et de hasard : l’enquête PARIJEUNES. Il s’agit ainsi de documenter les pratiques de jeux, les attitudes face au jeu, les motivations et les comportements des jeunes ainsi que l’influence du marketing et de la publicité.
Les jeux d'argent et de hasard : une pratique importante chez les jeunes du 93
Les résultats de cette étude ont été présentés lors d’une conférence le 16 janvier 2025 à Aubervilliers par le sociologue Thomas Amadieu. En synthèse :
- la pratique des jeux d’argent et de hasard chez les jeunes est assez importante, notamment chez les mineurs… malgré l’interdiction ;
- l’initiation aux jeux d’argent chez les jeunes de Seine-Saint-Denis se fait de manière précoce, le plus souvent à l’adolescence ;
- il existe des facteurs de vulnérabilité : financières, discriminations, certains milieux familiaux (familles monoparentales) ;
- les motivations des jeunes sont diverses : acquisition rapide d’argent mais aussi reconnaissance des paris, plaisir procuré, dimension échappatoire ou de sociabilisation. Ces motivation diffèrent en fonction du genre (changement de vie et sociabilisation chez les jeunes femmes ; gain rapide, plaisir, excitation et reconnaissance des paris chez les jeunes hommes) ;
- la pratique du jeu est souvent corrélée à d’autres consommations de substances psychoactives (tabac, alcool, cannabis) ;
- il existe une surexposition à la publicité qui cause une forte incitation. C’est une force majeure comparée à la prévention et à la réduction des risques.
Des recommandations
L’enquête PARIJEUNES formule également des recommandations :
- Sensibiliser les professionnel·les de la jeunesse et les parents aux risques et dommages liés aux jeux d’argent et de hasard ;
- Développer des campagnes de prévention auprès des adolescent·es ;
- Favoriser les interventions ciblées de réduction des risques et dommages sur les jeunes vulnérabilisés ;
- Renforcer l’information sur les dispositifs obligatoires de réduction des risques ;
- Interdire ou fortement limiter les publicités pour les jeux d’argent et de hasard ;
- Définir un moratoire sur l’autorisation de nouveaux jeux d’argent et de hasard ;
- Obliger les opérateurs de jeu à informer les joueurs sur les pertes moyennes pour chaque jeu et le total des pertes accumulées ;
- Imposer aux opérateurs des limites de mises maximales ;
- Créer une carte nominative de jeu ;
- Tester les applications de paris gratuits pour la réduction des risques.
Jeux d'argent et de hasard à la Fédération Addiction : zoom sur le projet SINPAR
Lancé en 2024, le projet SINPAR, pour « Stratégie d’intervention numérique pour améliorer la prévention et le repérage des usages problématiques de jeux d’argent et de hasard en ligne chez les jeunes », vise à accompagner le réseau des CSAPA et des CJC pour élaborer un référentiel d’intervention sur les espaces numériques (et plus particulièrement sur les réseaux sociaux). Cela afin de prévenir, réduire les risques et repérer le plus précocement possible les usages problématiques des substances psycho addictives chez les jeunes, et avec un point d’attention particulier sur les jeux d’argent et de hasard en ligne.
Un groupe de professionnels pluridisciplinaire a été constitué, avec pour objectif d’élaborer les différents livrables du projet : des outils pratiques et notamment un référentiel d’intervention numérique se basant sur les données probantes et l’approche expérientielle. Ce référentiel sera ensuite expérimenté dans chacun des sites pilotes, et adapté aux besoins du territoire.
Ce projet a été retenu dans le cadre de l’appel à projet « Mobilisation de la société civile » du Fonds de lutte contre les addictions de la Caisse nationale d’Assurance-maladie.