Coupe du monde de football 2022 : l’engouement pour les paris sportifs bat des records
Les paris sportifs en ligne ont battu plusieurs records
Dans son bilan de la Coupe du monde 2022 de football, l’Autorité nationale des jeux (ANJ) constate une progression de 56 % des mises de paris sportifs par rapport à la Coupe du monde :
- 597 millions d’euros de mises en ligne sur l’hexagone
- 70 millions de PBJ (produit brut des jeux, c’est-à-dire le montant des mises sur lequel sont ensuite déduits les rétributions versées par l’opérateur aux joueurs : c’est la part des mises empochées par les sociétés de jeu)
On peut estimer que le montant total des mises enregistrées en ligne et en points de vente pourrait dépasser les 900 millions d’euros, dont 51 millions d’euros de mises engagées uniquement pour la finale France-Argentine, qui détient ainsi le record de mises pour un match (détrônant les 38 millions d’euros de la finale de 2018).
Cependant, ce bilan record est à replacer dans le contexte général d’un ralentissement de la croissance des paris en ligne en 2022. En effet, 2021 a enregistré une croissance de 44 % du produit brut des jeux des paris sportifs en ligne (ce chiffre était de 7 % en 2020, marqué par le Covid) alors que la croissance 2022 n’est que de 2,5%.
L’ANJ explique cette variation par deux motifs :
- le nombre de joueurs qui ont ouvert un compte pendant le mondial a été plus important en 2018 qu’en 2022 : leur poids relatif dans le total des comptes joueurs ouverts a donc baissé ;
- il semble que les joueurs déjà actifs avant la Coupe du monde ont réparti davantage leurs paris tout au long de l’année et les diversifient sur d’autres compétitions et d’autres sports, comme le basket notamment.
Ces chiffres records souligne évidement l’importance de poursuivre le repérage, l’orientation et l’accompagnement des joueurs en situation de vulnérabilité, notamment avec les prochains grands événements sportifs de 2023 et 2024.
Coupe du monde de football 2022 et paris sportifs : l’ANJ présente le bilan de la compétition
État des pratiques de paris et de nouveaux profils de joueurs : des femmes entre 18 et 24 ans
Dans son bilan, l’ANJ constate que 177 000 nouveaux parieurs ont créé un compte en 2023. Parmi ces joueurs, il y a deux fois plus de femmes âgées de 18-24 ans qui ont été recrutées en dehors des grands événements sportifs (soit les périodes dites normales).
D la Coupe du monde, leurs pratiques de paris ont doublé par rapport à celle de 2018 (56 millions de paris réalisés) mais les mises moyennes engagées sont restées stables.
La nécessité d’aller plus loin dans la régulation
De manière générale, les événements sportifs deviennent indissociables des paris. Ce constat a amené plusieurs institutions comme Santé publique France, le conseil départemental de Seine-Saint-Denis et l’ANJ à mener pour la première fois des campagnes de prévention avec l’objectif de sensibiliser le grand public aux risques de jeu problématique et excessif.
L’ANJ a de plus mis en un plan d’actions pour « désintensifier » la pression publicitaire sur tous les supports de communication (télévision, radio, affichage et sur le digital) et renforcer la protection des mineurs et des publics à risque, particulièrement sur les leviers numériques. Ce plan en deux volets comprenait, d’une part, des lignes directrices en matière de contenus publicitaires et les gratifications financières et, d’autre part, des recommandations pour diminuer la pression publicitaire sur l’ensemble des canaux médiatiques et modérer les offres de bonus de façon à mieux protéger les publics vulnérables.
Ces évolutions sont salutaires mais la Fédération Addiction soutient un renforcement de la réglementation : il est nécessaire de réguler pratiques des opérateurs de manière plus contraignante et restrictive. À cet égard, les règles d’encadrement actuelles de paris sportifs, à l’image des slogans minimalistes de prévention obligatoires, restent insuffisantes.
En complément et en prévision de plusieurs événements sportifs d’ampleurs à venir en France (Coupe du monde de rugby, Jeux olympiques et paralympiques), il est également nécessaire d’investir afin d’outiller les professionnels de terrain pour renforcer les actions de repérage et de prise en charge des joueurs problématiques.