Hausse de la consommation de cocaïne en France : la Fédération Addiction travaille à des réponses adaptées
Une hausse de la consommation de cocaïne qui place la France parmi les pays les plus consommateurs d'Europe
Le théma La cocaïne, un marché en plein essor publié par l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT) fait état d’une hausse de la consommation de cocaïne parmi les Français qui s’inscrit dans un contexte européen et mondial où cette drogue circule de plus en plus, et ce depuis 20 ans.
Si la consommation de cocaïne ne concerne toujours qu’une partie marginale de la population (1,6 % de la population adulte en 2017), la France fait aujourd’hui partie du club des pays de l’Union européenne où la cocaïne est la plus diffusée. Ainsi, 600 000 Français ont consommé de la cocaïne dans l’année écoulée : il s’agit ainsi de la drogue illicite la plus consommée en France derrière le cannabis et devant l’ecstasy.
Le rapport de l’OFDT met cependant en exergue un recul des niveaux d’expérimentation de la cocaïne chez les adolescents et chez les 18-25 ans. La progression de la consommation s’observe en effet chez les adultes,mais seulement dans certaines tranches d’âges, en particulier les trentenaires et quarantenaires. L’OFDT formule l’hypothèse que « cette hausse de la proportion d’usagers dans l’année traduit probablement, un changement de comportement parmi les initiés à la cocaïne, plus qu’une progression généralisée de la consommation : parmi les adultes qui ont essayé la cocaïne, ceux qui consomment ensuite de façon occasionnelle voire régulière sont plus nombreux que dans les générations précédentes ».
Conformément à ce qui s’observe dans les autres pays européens, la majorité des usagers de cocaïne en France n’en consomment qu’en de rares occasions, à titre expérimental.
L’OFDT note également une diversification des modes d’usages de la cocaïne ainsi qu’une diversification sociale des usagers : l’expérimentation de la cocaïne touche aujourd’hui des personnes travaillant dans tous les secteurs professionnels, de plus en plus de femmes et de plus en plus de territoires ruraux et périurbains.
La progression de la consommation s'observe chez les adultes, mais seulement dans certaines tranches d'âges : en particulier les trentenaires et quarantenaires.
La consommation de cocaïne sous forme de crack reste — malgré le focus médiatique sur cette question — résiduelle : elle concerne selon l’OFDT « certains segments de population et certains territoires » et « s’explique par divers facteurs ».
Une consommation qui entraine de plus en plus de complications
Cette diffusion accrue de la cocaïne — qui est par ailleurs de plus en plus pure et qui continue de bénéficier de perceptions sociales minorant sa dangerosité— a des conséquences sanitaires importantes. Ainsi, 130 décès directement liés à l’usage de cocaïne ont été enregistrés en 2020 en France. En 2022, le taux de recours aux urgences pour un usage de cocaïne était de 21,2 pour 100 000 contre 8,6 en 2010, soit un triplement. Autre indicateur : l’augmentation des demandes de traitement liées à la cocaïne. Les CSAPA, qui enregistraient 2 613 demandes de traitement liées à la cocaïne en 2010, en enregistrent 5 907 dix ans plus tard.
Dans ce contexte, la Fédération Addiction travaille à mieux outiller les professionnels du secteur de l’addictologie à l’accompagnement des usagers de cocaïne.
Le rapport « La cocaïne : un marché en essor - Évolutions et tendances en France de l'OFDT »
Outiller les professionnels
Le projet AIPAUC (« Améliorer l’information, la prévention et l’accompagnement des usagers de cocaïne »), soutenu par le Fonds de lutte contre les addictions, s’intéresse à l’ensemble des personnes consommatrices de cocaïne : aussi bien celles qui consomment de la cocaïne en poudre, en contexte festif et qui ne rapportent pas nécessairement des troubles de l’usage, que celles plus marginalisées faisant plus souvent usage de crack ou de cocaïne injectée. Il s’agit de toucher ces différents publics sans avoir de message unique.
Concrètement, le projet permettra la création dès 2023 de plusieurs supports destinés aux professionnels du champ de l’addictologie : une synthèse et un support vidéo sur les outils de réduction des risques, une synthèse sur la prévention, une vidéo sur les complications liées aux consommations et une synthèse sur les thérapeutiques. L’ensemble de ces livrables seront présentés dans le cadre de cinq journées régionales.
Par ailleurs, la hausse de la concentration de la cocaïne argumente en faveur du renforcement des dispositifs d’analyse de drogues. La Fédération Addiction anime à ce titre le réseau Analyse ton prod’ qui a analysé 400 échantillons de cocaïne en Île-de-France en 2022.
Contact
Pour en savoir plus sur les projets de la Fédération Addiction sur la cocaïne, contactez Sacha Hertzog, chargé de projets.