Consommation sexualisée et consentement : une enquête de Keep Smiling met en lumière les risques et enjeux
Peut-on exprimer son (non) consentement sous l’effet de substances psychoactives ? Comment la consommation influence-t-elle les dynamiques sexuelles et les risques ? Keep Smiling, association membre de la Fédération Addiction engagée dans la réduction des risques en milieu festif, a décidé de répondre à ces questions à travers une enquête communautaire. Menée auprès de personnes aux orientations sexuelles et identités de genre variées, l’étude met en lumière des pratiques souvent invisibilisées et les stratégies d’adaptation développées par les usagers.
L’impact de la consommation sur le consentement
Selon les résultats de l’enquête, l’alcool et les anxiolytiques apparaissent comme les substances les plus à risque, réduisant la capacité à formuler et à percevoir le consentement. Le GHB, qui a souvent été associé ces dernières à la sexualité sous influence, affecte la capacité à définir son propre consentement mais semble avoir un impact moindre sur l’expression de celui-ci.
L’étude souligne également une surreprésentation des personnes trans parmi les consommateurs et consommatrices régulier·ère·s. Un constat qui interroge sur les liens entre discriminations, vécus de violences et usages de produits. Par ailleurs, les personnes ayant subi des violences sexuelles tendent à sexualiser davantage leur consommation, possiblement pour atténuer des traumatismes passés.
Des pratiques à risque, mais des stratégies de réduction des dommages
L’enquête met en avant un autre aspect clé : la consommation sexualisée de substances psychoactives accroît les risques sanitaires, notamment en raison des effets anesthésiants de certains produits. 38 % des répondants ont déclaré avoir eu des relations sexuelles avec un partenaire rencontré en soirée, un chiffre particulièrement élevé chez les consommateurs de cathinones et d’alcool. Cela met en lumière le risque accru lié à l’absence de connaissance préalable des partenaires et à la difficulté d’évaluer les consentements et les risques.
Cependant, tout n’est pas sombre. Les usagers développent eux-mêmes des stratégies pour limiter les risques : consommation avec des partenaires réguliers, encadrement des pratiques, ou encore mise en place de signaux de communication en amont. Keep Smiling a ainsi identifié des leviers d’action concrets pour renforcer la prévention et l’information.
Vers une meilleure prévention et une approche adaptée
L’association travaille ainsi sur des outils pédagogiques, notamment des flyers et des campagnes de sensibilisation adaptés aux spécificités des publics concernés. Une attention particulière est portée à l’alcool, qui altère fortement le consentement mais reste largement banalisé.
L’étude souligne également la nécessité d’adapter les stratégies de réduction des risques aux vulnérabilités spécifiques, qu’elles soient liées à des expériences de violences, à des contextes de consommation ou à des particularités neuroatypiques. En intégrant ces dimensions, les messages de prévention peuvent gagner en efficacité et mieux protéger celles et ceux qui en ont le plus besoin.
Télécharger l'enquête de Keep Smiling