Catherine Delorme, nouvelle présidente de la Fédération Addiction : « Nous saurons défendre les intérêts du secteur et de ses usagers »
Catherine, bonjour et félicitations ! Racontez-nous votre parcours en quelques mots.
Catherine Delorme : J’ai débuté comme éducatrice spécialisée en 1996 en Bourgogne, ma région d’origine. Je travaillais alors auprès de publics en situation d’exclusion ou de délinquance. J’ai intégré un centre de soin pour toxicomanes — comme on disait à l’époque — en 2000. En 2004, j’ai monté et coordonné une équipe de prévention des addictions puis, en 2008, j’ai obtenu un premier poste de direction où j’ai supervisé l’évolution administrative et clinique de CSST (centres spécialisés de soins aux toxicomanes) vers les actuels CSAPA (centres de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie). Depuis 2020, je travaille en Île-de-France : je suis la directrice des établissements de l’association Oppelia dans les Hauts-de-Seine et les Yvelines, ce qui regroupe des CSAPA ambulatoires et résidentiels, des appartements thérapeutiques et des appartements de coordination thérapeutique.
Par ailleurs, je suis élue au conseil d’administration de la Fédération Addiction, dont j’étais vice-présidente depuis 2018. Je suis aussi déléguée régionale Île-de-France depuis 2020.
Pourquoi ce choix de carrière en addictologie ?
Nous vivons dans une société où beaucoup de personnes sont renvoyées vers les marges, notamment les consommateurs de drogues. Les conséquences sociales et sanitaires de cet exclusion sont évidemment problématiques et nécessitent que l’on s’y intéresse. Mais la marge, c’est aussi un lieu d’expression, un espace critique qui me semble indispensable.
Par ailleurs, la question de l’usage des produits et les fonctions qu’on leur donne m’intéresse énormément : cela dit beaucoup de notre société.
Quelles sont vos priorités en tant que présidente de la Fédération Addiction ?
L’addictologie a connu différentes évolutions ces dernières décennies : une réflexion et la construction d’une posture clinique (relation sécure et non-jugeante, favorisant l’agencement de propositions d’accompagnement social, psychologique, médical), une évolution médicale avec des avancées médicamenteuses précieuses, la diversification des réponses thérapeutiques avec l’affirmation du continuum entre réduction des risques et soins. À chaque fois nous capitalisons sur ces avancées. Je crois que la prochaine concerne le lien avec les usagers, la dimension sociale et coopérative.
Par ailleurs, je tiens à nourrir les liens entre les secteurs sanitaire, hospitalier, social, médico-social, réaffirmer la pluridisciplinarité. La Fédération Addiction a toujours été un lieu de coopération et d’échanges. On vit une période où ces espaces sont particulièrement nécessaires, il faut en prendre soin car c’est là qu’émergent les solutions… et les résistances face à celles et ceux qui ont pour projet de remettre en cause les solidarités.
Il est trop tôt pour savoir quelles seront les orientations du futur gouvernement mais je veux réaffirmer que la Fédération Addiction saura défendre les intérêts du secteur et de ses usagers. Nos adhérents ne sont pas seulement les parties prenantes d’une association, ce sont les membres actifs d’un réseau national, ancré sur les territoires et porteurs de valeurs d’humanisme et d’accueil.
Professionnel de l’addictologie, quel que soit votre secteur d’activité, vous pouvez adhérer à la Fédération Addiction