Procès Palmade : pour une couverture médiatique responsable des questions liées aux drogues

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Article rédigé par Benjamin Tubiana-Rey 20 novembre 2024
Au-delà de l’indignation légitimement suscitée par l’accident tragique causé par Pierre Palmade en février 2023, cette affaire a engendré dans les semaines qui ont suivi de nombreuses réactions parfois déplacées. Alors que le procès de Pierre Palmade s’ouvre le 20 novembre 2024 à Melun, la Fédération Addiction souhaite rappeler l’importance d’un traitement informé et responsable des questions liées aux drogues. Faire progresser la prévention, la santé publique et la réduction des risques appelle à un traitement médiatique qui dépasse les stéréotypes pour mieux comprendre les réalités de la consommation et des dépendances.

Contre les raccourcis et stéréotypes sur les usages de drogues

Sur les sujets liés aux drogues et aux addictions, les médias ont un rôle clé à jouer en adoptant un discours basé sur des faits et sur la diversité des parcours de vie : le cas de Pierre Palmade ne saurait à lui seul résumer la situation.

Par respect pour les millions de personnes concernées et leurs proches et pour une information de qualité, la Fédération Addiction encourage les journalistes à s’éloigner des termes stigmatisants (toxicomanes », « toxicos ») et les clichés (« fléau », « tomber dans la drogue ») qui perpétuent des stéréotypes dépassés et compliquent l’accès aux soins en dissuadant les personnes de se tourner vers les services d’accompagnement.

La France dispose d’un secteur d’addictologie compétent et accessible

La consommation de drogues (légales ou illégales) comporte des risques mais fait partie de notre société. Afin de réduire ces risques et d’accompagner les usagers, il existe dans notre pays des services et des structures spécialisées. Pour toute personne souhaitant s’informer ou obtenir de l’aide, les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) proposent un accueil gratuit et anonyme partout en France. Les CSAPA, constitués de professionnels formés et engagés, assurent une prise en charge globale des problématiques d’addiction. La Fédération Addiction, qui représente ce réseau d’expertise, invite le public à consulter drogues-info-service.fr pour trouver les adresses de ces centres.

La prohibition entrave la prévention

Les politiques publiques en matière de drogue restent aujourd’hui essentiellement centrées sur la prohibition, au détriment de la prévention. La Fédération Addiction souligne l’importance de sensibiliser sur les risques liés aux pratiques de consommation, en abordant notamment des questions essentielles comme la sécurité routière. Ainsi, si des campagnes ont été menées autour de la consommation d’alcool au volant, rien de similaire n’existe pour les autres substances psychoactives, bien que le risque soit également avéré. La prévention dans ce domaine pourrait contribuer à éviter des drames avant qu’ils ne se produisent, par exemple en informant sur les dangers de la consommation de cocaïne avant de conduire ou de mélanger plusieurs substances.

Une couverture nuancée des questions de chemsex

Le cas de Pierre Palmade a suscité des amalgames dommageables autour du chemsex et de la sexualité dans la communauté gay, associant de manière simpliste pratiques sexuelles, consommation de substances et déviances. Ces associations contribuent à la caricature et à la stigmatisation des personnes concernées. Or, le chemsex est une pratique de consommation spécifique, aux trajectoires multiples et non réductibles à un seul profil. La Fédération Addiction, qui vient de publier avec AIDES un guide d’accompagnement des chemsexeurs, appelle les journalistes à traiter ce sujet complexe en évitant les généralisations hâtives et en privilégiant une approche respectueuse, pour éviter les préjugés et encourager le dialogue.

Une question de santé publique et de santé clinique

Les drogues et les addictions ne doivent pas être traitées comme des faits divers ou des spectacles médiatiques, mais comme des enjeux de santé publique. Il s’agit d’un sujet complexe pour lequel les journalistes sont invités à consulter des professionnels en addictologie et en santé publique afin de mieux informer le public et contribuer à une meilleure compréhension des réalités de l’addiction.

En adoptant une approche informée, les médias peuvent jouer un rôle clé pour lutter contre la stigmatisation, encourager l’accès aux soins et soutenir les efforts de prévention et de réduction des risques.

La Fédération Addiction appelle les journalistes à une couverture respectueuse, responsable et nuancée : nous croyons que l’information de qualité est essentielle pour mieux répondre aux enjeux de l’addiction.

Contact presse

Benjamin Tubiana-Rey
Responsable plaidoyer et communication
b.tubiana-rey@federationaddiction.fr • 06 15 62 81 08

La Fédération Addiction est le principal réseau en France dédié aux questions liées aux drogues et aux addictions : elle regroupe 850 établissements et services de santé ainsi que plus de 500 professionnels de la prévention, du soin, de l’accompagnement et de la réduction des risques. La Fédération Addiction s’intéresse à toutes les addictions et toutes les drogues, légales ou illégales. Elle défend des politiques qui mettent l’accent sur la santé publique et les besoins des usagers.

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