Les nitazènes inscrits sur la liste des stupéfiants

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Article rédigé par Sacha Hertzog 10 juillet 2024
L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a décidé d'inscrire les nitazènes, une classe d'opioïdes particulièrement puissants, sur la liste des stupéfiants. Leurs production, vente et usage sont interdits à partir du 9 juillet 2024.

À partir de ce 9 juillet 2024, les nitazènes sont classés parmi les substances stupéfiantes en France : leur vente et leur consommation sont donc interdites.

Les nitazènes, un opioïde particulièrement puissant

Les nitazènes appartiennent à la catégories des opioïdes, au même titre que l’héroïne ou le fentanyl. Les opioïdes agissent sur le système nerveux central, certains sont utilisés en médecine pour lutter contre la douleur.

Les nitazènes se présentent sous forme de poudre, de comprimés, liquide, dans des sprays pour instillation nasale ou dans des e-liquides. Ils peuvent être présents seuls ou associés à d’autres substances psychoactives, parfois à l’insu du consommateur. La particularité des nitazènes est qu’ils sont particulièrement puissants, c’est à dire qu’une faible dose peut avoir un effet très fort, plus que l’héroïne ou même le fentanyl.

Ainsi, la consommation de nitazènes présente un risque de surdose, d’autant plus important si la personne n’est pas au courant qu’elle a consommé un nitazène. Cela peut-être le cas si un nitazène a été utilisé pour adultérer un autre produit, tel que l’héroïne.

Une substance dont la circulation est en progression

La circulation de nitazènes sur le territoire européen, et français, est en hausse ces derniers mois et des nitazènes ont causé plusieurs décès par surdoses. C’est particulièrement le cas en Angleterre et en Europe de l’Est, où plusieurs dizaines de décès ont été liés à une consommation de ces substances. Si le produit est à ce jour moins présent en France, deux cas de décès lié à une consommation de nitazène ont tout de même été répertoriés en 2023. Dans ces deux cas, la personne n’avait pas conscience qu’un nitazène était présent dans le produit qu’elle consommait.

Surdoses : repérer et agir

Pour repérer une surdoses liée à un opioïde, y compris à un nitazène, il faut pouvoir identifier les signes suivants :


  • pupilles rétrécies,

  • difficultés respiratoires,

  • somnolence voire inconscience ou coma.


Ces signes peuvent se manifester plusieurs heures après la prise du produit. Si vous êtes en présence de quelqu'un manifestant ces symptômes de surdoses, contacter immédiatement les urgences en appelant le 15 ou le 112 et administrez lui de la naloxone (un antidote aux surdoses) si vous en avez sur vous. La naloxone est disponible dans les structures spécialisées d'addictologie (CSAPA et CAARUD), à l’hôpital, en dispositif de réduction des risques à distance, en pharmacie et en prison (via les unités sanitaires)

Les morts par surdose sont des morts évitables : la Fédération Addiction rappelle recommande la mise en place des mesures suivantes:

  • la généralisation de l'accès à la naloxone,

  • l'ouverture d'espaces de consommation sécurisée,

  • la fin des sanctions pénales pour simple consommation de drogues afin de permettre aux personnes de contacter les secours et les services de soin sans craindre de sanction.

Analyser ses produits pour réduire les risques

Les personnes qui consomment des drogues ont la possibilité de les faire analyser pour en connaitre la composition et ainsi réduire les risques, par exemple en sachant si le produit contient ou non un nitazène. Le site analysetonprod.fr répertorie les associations proposant l'analyse de drogues à travers la France.