Nouvelle campagne du gouvernement sur les drogues : deux millions d’euros pour… quoi ?
Après « Derrière la fumée » en 2021, « Tu consommes, tu cautionnes » en 2024 voici donc « Le prix de la drogue » : la dernière campagne de l’État sur les drogues voulue par le ministre de l’Intérieur.
Élaborée sans consultation avec les professionnels des addictions, cette initiative adopte un ton dramatique et propose un message simpliste, éloigné des réalités des consommateurs. Elle se révèlera aussi inefficace que les précédentes.
Pour un coût de deux millions d’euros, la campagne « Le prix de la drogue » pose la question des priorités du gouvernement.
Un message qui se veut « choc » et qui se révèlera inefficace
Des décennies d’expérience et de recherche ont identifié les éléments clés d’une campagne de prévention efficace : être centrée sur la réalité des usages et des vécus des consommateurs, éviter les messages moralisateurs, être adaptée aux publics ciblés, faire l’objet d’une évaluation afin d’ajuster les actions en fonction des résultats.
La nouvelle campagne du gouvernement ne remplit aucun de ces critères. Elle privilégie une rhétorique alarmiste à travers des images chocs : jouets d’enfants en flammes et scènes de violence. La culpabilisation et la peur ne sont pas des messages efficaces pour changer les comportements. Pire : en les pointant du doigt, le gouvernement compromet l’accès aux soins des consommateurs qui en ont besoin.
Deux millions d’euros d’argent public qui auraient pu être utiles…
Le coût annoncé de cette campagne s’élève à deux millions d’euros. À l’heure où la prévention des addictions ne fait l’objet d’aucun financement pérenne, où les structures d’addictologie peinent à recruter, le gouvernement n’a-t-il pas d’autres priorités ?
Par exemple, ces deux millions d’euros auraient pu servir à :
- financer 40 postes de chargés de prévention expérimentés pendant un an permettant de mettre en place des actions de terrain auprès de divers publics (jeunes, monde du travail, etc.) et territoires,
- ou faire bénéficier 14 000 collégiens d’un programme complet de séances de prévention des addictions
La Fédération Addiction appelle le gouvernement à revoir ses priorités : arrêter les campagnes inefficaces basées sur la culpabilisation et investir dans des politiques de prévention ambitieuses, construites avec les acteurs de terrain et les premiers concernés. Une prévention efficace passe par des informations fiables, des messages respectueux, des actions de terrain adaptées aux différents publics et des ressources pérennes.
Contact presse
Benjamin Tubiana-Rey
responsable plaidoyer et communication
b.tubiana-rey@federationaddiction.fr
06 15 62 81 08
Le communiqué en PDF
Revue de presse
Le Nouvel Obs - Interview de Catherine Delorme
France Info - 23h info (à partir de 34 minutes)
Yahoo! Actualités - Drogues : un effet "nul voire contreproductif", la campagne de "culpabilisation" de Retailleau vivement critiquée par les addictologues
RTL - Le journal de 18h (à partir de 5 minutes)
Europe 1 - « Culpabiliser les personnes qui ont une addiction n'a jamais fonctionné pour résoudre les différents problèmes »
Le Monde - Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, lance « une campagne de culpabilisation » visant les consommateurs de drogue
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Le communiqué de Psychoactif