Consommations de drogues en prison : des chiffres qui appellent à une meilleure prise en charge
En prison, des consommations qui perdurent et s'intensifient
L’enquête ESSPRI de l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT) mesure les consommations en détention de sept produits chez les hommes majeurs : le tabac, l’ alcool, le cannabis, la cocaïne, le crack, l’ecstasy et l’héroïne. Les résultats de l’enquête réalisée en 2023 et publiée en mai 2024 par l’OFDT, montrent que :
- Le tabac reste le premier produit consommé (73 % des personnes détenues), avec une prévalence largement plus importante qu’en population générale. Ainsi le tabagisme quotidien est 2,5 fois plus élevé chez les hommes détenus qu’en population générale masculine, et concerne 3 personnes détenues sur 4.
- La fréquence de consommation du cannabis s’intensifie avec l’incarcération. Parmi les personnes qui déclarent avoir consommé mensuellement du cannabis avant la détention, 48 % en consomment quotidiennement pendant la détention. Au total, une personne détenue sur 4 consomme du cannabis quotidiennement.
- L’injection est pratiquée en détention par 3,5% des personnes détenues.
Si cette étude permet d’étudier l’évolution de la consommation de ces produits dans le temps, cette liste n’est toutefois pas représentative de toutes consommations de substances psychoactives car elle n’inclut notamment pas les médicaments détournés de leur usage qui représentent une part importante des consommations en détention.
Des données pour éclairer les politiques publiques
L’ODFT précise souhaiter renouveler cette enquête régulièrement pour pouvoir rendre compte des évolutions de ces consommations dans le temps. Les données globales sur les consommations en détention étant rares, l’inscription d’ESSPRI dans la durée permettra de fournir des données précieuses pour adapter les politiques publiques.
Au regard de ses résultats, l’OFDT souligne l’importance d’intensifier les actions menées en prison sur le tabac. Un constat partagé par la Fédération Addiction qui recommande entre autre d’améliorer la mise à disposition de traitement de substitues nicotiniques et l’accessibilité à la vape qui reste encore trop limitée en détention.
Enfin, cette enquête nous renseigne sur l’existence de pratiques à risques telles que l’injection. Bien que cela concerne une minorité des personnes détenues (3,5%),le nombre de personne concernés est loin d’être anodins et rappelle la nécessité de déployer des outils de réduction des risques en détention, comme le prévoie la loi du 26 janvier 2016.
Télécharger les résultats de l'enquête ESSPRI 2023 sur les drogues en prison