Les troubles cognitifs chez les résidents des communautés thérapeutiques : trois questions à Simon Deniel, neuropsychologue
Parmi les résidents des communautés thérapeutiques, les troubles cognitifs semblent être fréquents. Problème : le processus de rétablissement est conçu sur un fonctionnement cognitif intègre. Comment prendre ce paramètre en compte ?
Le projet NeuroAddiCT (« Neuropsychologie des addictions en communautés thérapeutiques ») vise à étudier cette question afin de diminuer les risques de rechute chez les résidents et favoriser leur réinsertion sociale et professionnelle. Nous avons interrogé Simon Deniel, neuropsychologue et doctorant au laboratoire de psychologie de l’université de Caen.
Pourquoi ce projet NeuroAddiCT a-t-il vu le jour ?
Simon Deniel : Le projet a deux objectifs principaux. Le premier est de qualifier et d’évaluer la nature et la fréquence des troubles neuropsychologiques chez les résidents de communautés thérapeutiques (Csapa-CT). C’était l’objet de la première étape du projet : il s’agissait principalement de recueillir de premières données dans trois Csapa-CT pilotes en instaurant un suivi au cours du séjour et après la sortie des résidents.
Ces données ont confirmé qu’il y a un risque important pour les usagers arrivant en Csapa-CT de présenter des difficultés cognitives. On en vient ainsi au deuxième objectif : si on tente de remédier ces troubles, quelle efficacité de l’approche neuropsychologique sur la réinsertion sociale et professionnelle et le risque de rechute ?
Des interventions en communautés thérapeutiques vont donc avoir lieu ?
Oui : on entre dans l’étape expérimentale du projet, que l’on co-construit avec l’équipe de neuropsychologues du laboratoire et les cliniciens dans les communautés.
Concrètement, nous allons proposer aux résidents volontaires une évaluation neuropsychologique globale à leur entrée en Csapa-CT. Et ensuite nous mettrons en place un programme de remédiation cognitive, à la suite duquel l’évaluation neuropsychologique sera à nouveau proposée au cours du séjour afin de qualifier l’évolution cognitive des résidents.
À l’issue de cette nouvelle étape, nous comparerons le taux de rechute et d’insertion socioprofessionnelle six mois après la sortie des résidents avec les données de la première étape… Et on pourra ainsi évaluer l’efficacité de l’approche neuropsychologique.
Concrètement en quoi cela consiste-t-il pour les résidents ?
Après l’évaluation initiale, le programme de remédiation dure quatre mois. Les résidents participeront à des ateliers d’une heure trente, deux fois par semaine. Ces ateliers, réalisés par des neuropsychologues, cibleront les fonctions cognitives qui sont fréquemment fragilisées par les consommations de substances et viseront à réduire la répercussion des difficultés sur le quotidien.
Si les résultats sont concluants, l’objectif est que les communautés thérapeutiques puissent à l’avenir prendre en compte cette dimension dans leur accompagnement.
Télécharger la fiche détaillée du projet
Pour en savoir plus, vous pouvez également contacter l’équipe de NeuroAddiCT de l’université de Caen :
- Ludivine Ritz, maître de conférences en neuropsychologie
- Hélène Beaunieux, professeure de neuropsychologie
- Marion Delarue, neuropsychologue à l’Université de Caen
- Simon Deniel, neuropsychologue à l’Université de Caen
ou Jonathan Rayneau, chargé de projets à la Fédération Addiction