La Commission des stupéfiants de l’ONU lance une révision historique de son système de contrôle des drogues

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Article rédigé par Fédération Addiction 19 mars 2025
Lors de sa 68ᵉ session, la Commission des stupéfiants des Nations Unies (CND) a voté en faveur de la création d'un panel d'experts indépendants pour repenser le régime mondial de contrôle des drogues. Cette décision marque une rupture avec le consensus traditionnel et souligne la montée en puissance d'une nouvelle alliance politique prônant une approche plus équilibrée et respectueuse des droits humains.

Le 14 mars 2025, la 68ᵉ session de la Commission des stupéfiants des Nations Unies (CND) s’est conclue par un vote historique visant à réévaluer le régime mondial de contrôle des drogues. Avec 30 voix pour, 18 abstentions et 3 contre (Argentine, Russie et États-Unis), la CND a décidé de constituer un panel d’experts indépendants chargé de formuler des recommandations pour améliorer l’application des trois conventions sur les drogues et respecter les engagements internationaux en matière de politique des drogues.

La Commission des stupéfiants des Nations Unies (Commission on Narcotic Drugs ou CND) est l’organe international chargé de superviser les politiques mondiales en matière de drogues. Créée en 1946 et rattachée au Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), elle est responsable du suivi de l’application des trois principales conventions internationales sur les stupéfiants. La CND réunit chaque année à Vienne des représentants des États membres pour adopter des résolutions, classer des substances et orienter les stratégies internationales de lutte contre la drogue, en lien avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Cette initiative, menée par la Colombie, reflète l’émergence d’une nouvelle alliance entre des pays du Sud et du Nord global, unis pour défendre le principe de responsabilité commune et partagée. Cette coalition cherche à proposer une vision transrégionale pour une approche novatrice face à un système de contrôle des drogues jugé défaillant, causant des ravages mondiaux en matière de santé et de droits humains.

Le vote met également en lumière une évolution des pratiques au sein de la CND. Traditionnellement fondée sur le consensus, la Commission a récemment eu recours au vote, notamment lors de l’adoption en 2024 d’une résolution intégrant le terme « réduction des risques ». Cette tendance se confirme avec la multiplication des votes lors de cette session, signalant une volonté de dépasser les blocages pour adopter des résolutions plus progressistes.

Cette décision marque le début d’un processus de réévaluation du système de contrôle des drogues, avec l’espoir d’aboutir à des politiques plus efficaces et respectueuses des droits fondamentaux.

En savoir plus sur la CND 2025 sur le site de l'IDPC