Évaluation des salles de consommation à moindre risque : des résultats positifs et prometteurs
À partir d’une cohorte de 665 personnes (baptisée COSINUS), suivie pendant une année à Paris et Strasbourg, ainsi qu’à Bordeaux et Marseille, deux villes « témoins » qui n’ont pas de salles de ce type, le rapport a été publié le 7 mai 2021. Il rejoint une littérature scientifique internationale fournie, dont il propose un état de l’art en première partie.
Il dresse également une évaluation médico-économique des salles et de leur rapport coût-efficacité sur le long terme.
Cette évaluation a porté sur plusieurs axes : efficacité sur l’état de santé des personnes accueillies, impact sur la tranquillité publique et sur l’acceptabilité sociale du dispositif, impact économique… et rend des résultats positifs, invitant à la pérennisation de ces dispositifs et à penser des modalités analogues en CAARUD.
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En synthèse, un rapport prometteur
Commanditaire de l’étude, la MILDECA résume ce rapport de la manière suivante :
« Les SCMR ont fait la preuve de leur efficacité. Elles ne résolvent pas toutefois, à elles seules, l’ensemble des problèmes de santé et de tranquillité liés à l’usage de drogues. L’évaluation des expérimentations menées à Paris et Strasbourg démontre cependant que de nouvelles implantations méritent d’être étudiées, en fonction des contextes locaux, en complément des autres dispositifs d’accompagnement, de RDRD, et de sécurisation de l’espace public. »
Et l’auteure (Marie Jauffret Roustide) de conclure la discussion des résultats sur la tranquillité publique : « Ainsi, ces résultats plaident en faveur d’une extension de ces SCMR, qui pourraient être aussi proposées dans des structures existantes, en adaptant les services et le fonctionnement à la réalité des usagers.«
Des conclusions qui doivent être suivies d’effet
Espérons que les pouvoirs publics se baseront sur ces résultats pour pérenniser les deux salles existantes en les sortant de leur caractère expérimental pour permettre l’ouverture simplifiée d’autres salles ailleurs où le besoin se fait sentir, une adaptation du cahier des charges et une facilitation de la mise en œuvre des autres mesures prévues par la Loi de santé qui sont toujours au milieu du gué : la RDR en prison, la supervision des usages dans les structures existantes…
Les résultats en synthèse
Quelques résultats marquants de l’étude :
- Les usagers des SCMR sont moins susceptibles que les autres de déclarer des pratiques à risques d’infection par le VIH ou le VHC, ou d’abcès, d’avoir une overdose, d’aller aux urgences, de s’injecter dans l’espace public et de commettre des délits.
- Les usagers des SCMR sont relativement plus enclins à accéder aux soins, même si ce constat doit être modéré par la surreprésentation des usagers n’ayant pas de couverture sociale fréquentant ces deux dispositifs, et leur relative nouveauté. Le rapport fait l’hypothèse que ces limites soient dépassées au fil du temps, révélant une amélioration de l’accès aux soins pour ces personnes.
- Les salles de consommation à moindre risque permettent d’éviter 11 millions d’euros de coûts médicaux chez les usagers fréquentant ces dispositifs, en extrapolant leur présence sur 10 ans.
- L’acceptabilité de ces dispositifs a largement progressé malgré la diversité des perceptions et vécus vis-à-vis de la salle parisienne : « avec 80,2% des Français favorables aux SCMR, 75,9% des Français favorables à l’ouverture de nouvelles SCMR et 55,1% favorables à l’ouverture d’une SCMR dans leur propre quartier (Enquête EROPP-OFDT 2018). » :
« Si le sujet reste clivant entre les associations de riverains, c’est souvent moins le dispositif même de SCMR qui est critiqué que son emplacement en zone résidentielle. » - Le nombre de seringues abandonnées dans l’espace public a été divisé par 3 depuis l’implantation de la salle de consommation parisienne.
- La proportion de délits commis par des usagers d’une salle de consommation est « significativement moins importante » que celle des non-utilisateurs.