Troubles psychiques et grande précarité : la HAS publie des recommandations d’intervention
Les personnes en situation de grande précarité (définie ici comme n’ayant pas de logement personnel) et disposant de troubles psychiques sont confrontées à des difficultés d’accès aux soins et aux dispositifs sociaux, médico-sociaux.
Les recommandations que la Haute Autorité de santé a publié le 18 janvier 2024 visent à améliorer l’accès des personnes en situation de grande précarité présentant des troubles psychiques à des soins et un accompagnement adaptés ainsi que la qualité et la pertinence des interventions en définissant des repères communs (postures, pratiques, organisations) aux acteurs intervenant auprès de ces publics.
Ceux-ci sont les professionnels du champ de la santé et les professionnels des secteurs social et médico-social. Les recommandations concernent aussi les professionnels du logement et les acteurs de « première ligne » (bénévoles, police, pompiers, etc.) intervenant auprès de ces publics ainsi que les responsables publics au niveau national et territorial.
Les recommandations de la HAS ont été élaborées à partir des pratiques professionnelles et des dispositifs existants.
Télécharger la synthèse et les recommandations de la HAS
Les 10 messages clés de la HAS
- Proposer une approche globale incluant l’accès à un logement (ou un « chez-soi ») et un accompagnement clinique et social adaptés.
- Mettre en place des démarches « d’aller vers », un accueil et un accompagnement inconditionnels, souples et inclusifs, ainsi qu’une réponse rapide aux besoins fondamentaux. « Rester avec » les personnes aussi longtemps que nécessaire.
- Proposer des interventions (soins et accompagnement) qui :
- prennent en compte l’impact des traumatismes (approches « sensibles au trauma ») ;
- soient centrées sur le pouvoir d’agir des personnes, leurs forces, leurs choix et désirs dans la perspective de leur rétablissement ;
- s’inscrivent dans la pluridisciplinarité, travaillée :
- au sein des équipes (qui peuvent intégrer des pairs-aidants parfois les plus à même de faire lien avec des personnes très éloignées des soins et de l’accompagnement),
- entre les équipes des secteurs sanitaire (psychiatrie et soins primaires notamment), social, médico-social, et du logement ;
- s’adaptent aux vulnérabilités spécifiques (liées aux troubles associés addictifs ou cognitifs, à l’âge, au genre, au parcours migratoire) ;
- s’appuient sur les principes de la réduction des risques et des dommages en les adaptant à la nature des troubles psychiques.
- Assurer l’accès effectif des personnes à l’ensemble de leurs droits et en promouvoir la reconnaissance.
- Lutter contre la stigmatisation et les discriminations dont les personnes sont victimes.
- Organiser un dispositif de repérage précoce des troubles psychiques et des vulnérabilités psychosociales, apporter une réponse dès les premières demandes et accompagner les périodes de transition (sorties d’hospitalisation, etc.).
- Anticiper et gérer les crises psychiatriques.
- Développer des réponses à la hauteur des besoins : développement d’une offre de logement et d’hébergement adaptés, d’une offre de soin en psychiatrie et santé mentale et d’accompagnement social et médico-social suffisantes et adaptées. Assurer la pérennité et la généralisation des dispositifs pertinents (équipes mobiles psychiatrie précarité (EMPP), programme un « chez-soi d’abord », résidences accueil, dispositifs innovants intégrant intervention psychiatrique, accès au logement et accompagnement social).
- Coordonner l’action des professionnels et des structures sur un territoire.
- Former les équipes à la double problématique des troubles psychiques et de la grande précarité et les soutenir.