Dépistage, traitement, vaccination : comment accompagne-t-on les hépatites dans les centres d’addictologie ?
Hépatite C : un dépistage développé mais des freins persistent
Le dépistage du virus de l’hépatite C est assez développé dans les structures d’addictologie consultées, avec la collaboration de plusieurs professionnels et notamment des travailleurs sociaux formés aux tests rapides (TROD). Les résultats positifs restent assez communs, sans augmentation généralisée sur l’année 2021 par rapport à 2020.
Seule une petite minorité des structures ont accès à un fibroscan et cela passe le plus souvent par un partage de matériel avec des hôpitaux… bien qu’un tiers des structures répondantes en soit propriétaire.
Dans un peu plus de la moitié des structures, le traitement est prescrit sur place avec généralement une bonne observance et une bonne tolérance par les usagers. Cependant, le suivi peut poser problème : plus d’un tiers des répondants n’étaient pas en mesure de répondre aux questions sur l’achèvement du traitement ou les effets secondaires.
À noter que presque les deux tiers des structures constatent des freins au dépistage et au traitement, les problèmes les plus cités étant
- l’appréhension des usagers (39%),
- l’accès aux droits (35%),
- la présence aux rendez-vous (35%)
- et le fait que les hépatites ne sont pas une priorité (20%).
Les étapes pour la prise en charge, la durée du traitement et l’absence de logement sont des obstacles majeurs pour la guérison de l’hépatite C, ce qui maintient un vivier de contamination. Des partenariats avec le domaine de l’hébergement peuvent permettre une stabilisation durant le traitement, notamment les lits haltes soins santé (LHSS) ou les appartements de coordination thérapeutique.
Hépatite B : la précarité est un frein à la vaccination
Concernant l’hépatite B, la moitié des structures répondantes proposent la vaccination mais 58 % n’avaient vacciné aucun usager en 2021. Un peu moins de la moitié ne sont pas en mesure de donner la couverture vaccinale de leur file active et, pour 35 % des structures, elle se situe en dessous de 50 % de leur file active. Pour seulement 19 % d’entre elles, la couverture vaccinale est au-dessus des 50 %. Ainsi, l’estimation de la couverture vaccinale et la vaccination reste difficile, notamment avec des usagers précaires qui n’ont pas accès aux dispositifs de droit commun et pour lesquels la santé n’est pas toujours une priorité.
À peine plus de la moitié des structures indiquent avoir effectué plus de 10 dépistages pour le virus de l’hépatite B (VHB) durant l’année 2021. Les méthodes privilégiées sont le prélèvement veineux (45 %), le test rapide (TROD, 33 %) et le buvard (18 %). Certains professionnels interrogés notent que la mise en place des TROD VHB est retardée par les agrémentations ARS et la faiblesse des financements alloués, même quand les équipes ont été formées.
28 % des structures ont effectué des dépistages dont le résultat était positif et 26 % ont mis en place des orientations pour la prise en charge. Les infirmières réalisent ces tests dans 86 % des structures, ainsi que des médecins (44 %) et des travailleurs sociaux (21 %).
À noter : seules 30 % des structures ont constaté une augmentation des dépistages avec la mise en place des TROD.
Des structures d'addictologie mobilisées sur la question spécifique des hépatites
Parmi les 61 structures ayant répondu au questionnaire, 30 mettent en place des actions spécifiques pour les hépatites. Ces actions concernent les hépatites B et C dans 69 % des cas, seulement l’hépatite C dans 28 % et seulement l’hépatite B dans 3 % des cas.
Les actions les plus courantes sont les formations aux TROD (59 %), les semaines ou journées dédiées (52 %), les dépistages systématiques (52 %), l’accompagnement aux rendez-vous (42 %) et les actions de dépistage hors les murs (39 %). Certaines structures développent des partenariats avec les CeGGID, qui proposent dépistages et vaccinations gratuitement, et sont donc à même de prendre en charge des usagers sans couverture sociale.
Les deux tiers des structures ont des partenariats avec des hépatologues afin d’orienter les usagers (70 %) ou pour agir comme point contact (61 %). Ces partenariats ciblent les hépatites B et C dans 69% des cas et seulement l’hépatite C dans 31 % des cas.
Télécharger les résultats de la troisième enquête sur les hépatites parmi le réseau de la Fédération Addiction