Nantes objectif zéro : un projet innovant pour les hépatites et les IST
Pourquoi avoir développé Nantes objectif zéro ?
Hortense Bernard : Cette action s’est mise en place suite au constat d’une baisse des dépistages depuis le Covid-19. Plusieurs acteurs de la ville (l’association Aides, le CHU, la clinique Jules-Verne, l’association Oppelia et le CeGGID) ont proposé un dispositif de dépistage conjoint hépatite C/IST sur l’ensemble de la ville de Nantes, avec une attention particulière aux « perdus de vue » et un accompagnement pour l’observance des traitements. Ils bénéficient du soutien de la municipalité et disposent d’une chargée de mission à mi-temps pour la coordination.
Qui est impliqué et comment cela se passe-t-il concrètement ?
Hortense Bernard : En dehors des porteurs, ce projet fait le lien avec le milieu hospitalier, les pharmacies d’officines, le secteur de l’hébergement et de l’addictologie. Il cible particulièrement les personnes éloignées du soin et de l’aide spécialisée, afin d’assurer l’élimination de l’hépatite C et des IST à l’horizon 2030 à Nantes.
Concrètement, l’action se fait par une offre de dépistage par Genexpert et test rapide (TROD), ainsi qu’une évaluation des lésions du foie par Fibroscan. Les personnes sont ensuite orientées vers des structures pouvant assurer le traitement s’il y a lieu, soit le CSAPA soit le CHU.
À cela s’ajoute la distribution de bons pour la réalisation d’autotests dans plusieurs associations de la ville et en direction des travailleu·r·se·s du sexe, qui peuvent être utilisés en pharmacie d’officine. Un travail de partenariat avec l’URPS des pharmaciens est en cours pour s’assurer de la disponibilité de ces autotests en officine et du respect de la confidentialité.
Des permanences sont organisées deux lundis par mois et des actions hors-les-murs sont mises en place sur différents lieux (CHRS, local d’Aides, CHU) avec la mise à disposition du Fibroscan d’Oppelia. Afin de s’assurer de l’observance des traitements, des professionnels se déplacent sur le lieu d’hébergement comme le CHRS et un partenariat a été conclu avec un LHSS.
Le projet est pour le moment financé pour 2 ans et a débuté en novembre 2022. Il fera l’objet d’une évaluation au terme de la première année.
Il bénéficie d’un soutien de l’équipe de communication de la ville de Nantes ainsi que de financements privés des laboratoires pharmaceutiques. À cela s’ajoutent de forts moyens humains engagés par les porteurs du projet : en tout une trentaine de professionnelles y participent.
À ce stade, quel constat pouvez-vous faire ?
Hortense Bernard : Une cinquantaine de personnes ont déjà pu bénéficier de l’action de Test and Treat entre novembre et février. L’action reste cependant limitée par le faible nombre de CSAPA impliqués dans les actions hors-les-murs, qui devaient être quatre à l’origine, mais dont le dépistage n’est pas une forte priorité. À cela s’ajoute un manque de formation sur la santé sexuelle qui touche globalement l’ensemble des acteurs locaux.