Retrait de l’État, poids des lobbys de l’alcool et engagement des associations : l’histoire du Dry January dans Ouest-France
Comment l'État a renoncé à une campagne de santé publique
Depuis 2020, un consortium d’associations, fédérations, mutuelles et collectivités — dont la Fédération Addiction — anime le Dry January en France : une campagne de santé publique qui propose aux Français de faire une pause dans leur consommation d’alcool pendant un mois en janvier.
Mais si le Dry January, ou « Défi de janvier », est aujourd’hui porté par la société civile, c’est que l’État s’en est désengagé. Pourtant, en 2019, tout était prêt comme le raconte le journal Ouest-France dans une enquête publiée ce 7 janvier 2023 :
« J’avais participé à toute une série de réunions avec Santé Publique France tout au long de l’année 2019 sur une campagne publique inspirée du Dry January au Royaume-Uni »
Jean Michel Delile, président de la Fédération Addiction.
Que s’est-il passé ? C’est le président de la République Emmanuel Macron qui a mis fin à l’initiative de Santé publique France suite à une rencontre avec des représentants de viticulteurs.
Dans son article, le journaliste Paul Gratian raconte ce renoncement de l’État sous la pression des lobbys… mais aussi comment les associations se sont emparés de l’opération et en ont fait un succès !
Aucune parole publique mais la société civile se mobilise
Car depuis 2020, le Dry January fait de plus en plus d’adaptes. Jusqu’à un tiers des Français envisageaient d’y participer en 2023, si on en croit un récent sondage IFOP (paradoxalement commandé par une marque de vin pétillant… qui se lance dans le sans alcool). Les associations à l’origine de l’opération sont d’ailleurs maintenant rejointes par des hôpitaux et des collectivités.
Ce qui suscite une nouvelle réaction des lobbys alcooliers : promotion d’un « Damp January », campagne d’affichage sur la « modération »…
« On sent que les lobbys de la viticulture sont très inquiets de la baisse de la consommation »Romain Gomet, membre du bureau de la Fédération Addiction
Aujourd’hui, le Dry January, malgré son utilité prouvé pour réduire les consommations, ne bénéficie ainsi toujours pas du soutien de l’État… mais reste porté avec une forte détermination par la Fédération Addiction et l’ensemble du consortium !