Les associations francophones des addictions appellent à une refonte des politiques liées aux drogues

Partout dans le monde, les problèmes liés aux drogues gagnent en importance et en visibilité : crise des opioïdes en Amérique du Nord, crise des stimulants en Europe, augmentation générale de la production, de la consommation, des problèmes d’addiction et de santé mentale. Points communs à chacun de nos pays : des politiques répressives de « guerre à la drogue » qui alimentent les réseaux criminels et la violence tout en affectant de manière disproportionnée les publics les plus vulnérables qui sont largement stigmatisés. Ces politiques ont également pour objectif commun d’invisibiliser les problématiques de consommation, particulièrement dans l’espace public. En privé, au travail ou en soirée festive, les consommations restent largement taboues.

Réunies le 14 novembre 2024 à Morges pour le Sommet francophone des addictions, nos fédérations organisaient une journée d’échanges et de réflexion intitulée « Visibles, invisibles : les usages de drogues au croisement des regards ». L’objectif de cette journée était d’interroger l’aspect visible des consommations (principalement en rue) et les politiques qui y sont liées ainsi que d’éclairer les usages invisibles de substances au travail, dans le sport ou encore chez les mineurs. La parole était également donnée à des personnes usagères de drogues en tant que premières concernées par ces sujets et politiques. Cette journée s’est clôturé par la présentation du Manifeste de Lausanne, document de plaidoyer issu des discussions de ce Sommet.

Car même si nous sommes toutes et tous concerné·e·s, de près ou de loin, par les questions d’addictions, celles-ci sont encore trop souvent abordées sous un angle moralisateur et stigmatisant. Pour nos fédérations francophones des professionnel·le·s des addictions, des politiques des drogues pragmatiques et efficaces ne seront possibles qu’accompagnées de la déstigmatisation des personnes consommatrices. Le Manifeste de Lausanne détaille cette position aux travers de 5 principes :

1. Les personnes usagères de drogues sont citoyennes à part entière et doivent être considérées comme telles ;
2. Les prises de parole sur les expériences personnelles de consommation de drogues favorisent la déstigmatisation des usages et permettent de mieux cibler les politiques liées aux drogues ;
3. La consommation au travail ou dans le sport est une pratique privée, mais aussi une question publique ;
4. L’espace public appartient à toutes et tous et doit être pensé pour chacun·e s’y sente bien ;
5. Enfants mineurs, problèmes majeurs : l’accessibilité des mineur·e·s à la prévention, aux soins et à la réduction des risques doit être améliorée.

Chacun de ces principes comporte des revendications que nos fédérations partagent et qui visent à transformer les politiques liées aux drogues dans une approche pragmatique, progressiste et de respect des droits fondamentaux.