20 000 personnes jugées « indésirables » exclues de l’espace public en Île-de-France pour les Jeux de Paris 2024
À la suite du rapport Circulez, y’a rien à voir : 1 an de nettoyage social avant les Jeux ilympiques et paralympiques publié en juin, le collectif publie son rapport final qui documente la poursuite du nettoyage social sur la période allant du début du mois de mai 2024 à la fin du mois de septembre 2024.
Télécharger le rapport final du collectif « Le revers de la médaille »
+40% expulsions de lieux de vie en Île-de-France, 20 000 personnes concernées
À partir des données et observations de terrain en Île-de-France, le rapport relève que les expulsions de lieux de vie informels (bidonvilles, campements de rue, squats…) pour la période allant du 26 avril 2023 au 30 septembre 2024 ont concerné près de 20 000 personnes au cours de 260 opérations d’expulsions, une augmentation de 41 % par rapport à la période 2022-2023. Parmi ces personnes, au moins 4 550 étaient mineures, soit presque deux fois plus que l’an dernier, et trois fois plus que sur la période 2021-2022.
Alors que des logiques d’action publique excluantes sont à l’œuvre depuis plusieurs années, les Jeux olympiques et paralympiques ont clairement agi comme un accélérateur de ces dispersions et éloignements, afin d’accroître l’invisibilisation des personnes les plus précaires, jugées indésirables dans l’espace public de la capitale et de sa région.
Héritage social des Jeux: la médaille d’or du social washing
La principale exigence du collectif était d’ouvrir un cycle de concertations avec l’ensemble des parties prenantes à l’organisation des JOP . Le but était d’élaborer un plan commun pour des Jeux qui participent à la lutte contre la grande exclusion, et tiennent la promesse de Paris 2024 d’un héritage social positif inédit. Malgré de nombreux rendez-vous et une série de propositions chiffrées et concrètes, aucun plan concerté n’a jamais pu être élaboré.
A l’inverse, notre rapport révèle que les pouvoirs publics ont fait un usage disproportionné de mesures de restrictions des libertés fondamentales et de l’incarcération, ont eu recours systématiquement aux forces de police pour répondre à des problèmes d’ordre humanitaire. Ils sont intervenus de manière préventive et injustifiée pour exercer une pression sur toutes les couches de la société qui, dans l’esprit des autorités, auraient pu perturber les festivités.
« La plupart des responsables politiques, dont le président de la République, se félicitent de l’héritage social des Jeux avec la prise en charge de 256 “grands marginaux”. Pour nous, c’est vraiment du social washing ! C’est une opération de communication car ce n’est qu’une petite goutte d’eau dans l’océan du sans-abrisme, qui touche des milliers de personnes dont des femmes isolées, des familles et des enfants. Nous aurions pu et dû faire tellement mieux ! Plus jamais des Jeux ne doivent être organisés sans penser à leurs impacts sur la grande exclusion » déclare Paul Alauzy, Coordinateur de la veille sanitaire à Médecins du Monde et porte-parole du collectif.
Le nettoyage social ne peut plus être la norme des grands événements sportifs internationaux
Pour que les prochaines éditions des Jeux se déroulent dans un climat plus respectueux de la démocratie, de nombreuses solutions existent : la consultation systématique des populations hôtes, l’accès à une information équilibrée, libre et de qualité, l’organisation bien plus en amont des Jeux de consultations ouvertes avec les acteurs et actrices de la société civile, ainsi que les personnes premières concernées.
Contact presse du collectif
Camille Nozières
camille.nozieres@medecinsdumonde.net
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