Le Parlement irlandais réfléchit à la dépénalisation des consommations de drogue

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Article rédigé par Benjamin Tubiana-Rey 25 octobre 2024
Dans un rapport, la commission parlementaire irlandaise sur la consommation de drogues recommande la dépénalisation de la possession de toutes substances pour usage personnel. Ce choix marque un virage pour le pays, reposant sur des conclusions inspirées par des experts, des témoignages, et une volonté de rompre avec les politiques répressives.

Vers une dépénalisation de la possession de drogues en Irlande ?

Le rapport d’octobre 2024 de la commission parlementaire irlandaise sur la consommation de drogues propose un changement fondamental en matière de politique de drogues. Il recommande la dépénalisation complète de la possession de drogues pour usage personnel, suivant une logique de santé publique. Ce choix, motivé par les travaux des membres tirés au sort de l’Assemblée citoyenne, est présenté comme essentiel pour réduire la stigmatisation et limiter les impacts négatifs liés à la criminalisation des usagers. L’objectif affiché est de traiter la consommation de drogues non plus comme un délit mais comme une question de santé, visant ainsi à mieux accompagner les usagers vers le soin plutôt qu’à les sanctionner.

Un constat nourri d’expériences internationales et locales

Pour parvenir à ces recommandations, la commission s’est appuyée sur des témoignages variés, notamment de spécialistes en santé publique, de membres de forces de l’ordre, et de représentants de la société civile. Les exemples internationaux, comme celui du modèle portugais de dépénalisation mis en place en 2001, ont démontré des résultats positifs, en particulier en matière de réduction des infections par le VIH et des décès liés aux drogues. Ces éléments ont convaincu les parlementaires de la nécessité de repenser la stratégie irlandaise en faveur d’une approche plus humaine et de santé, loin des paradigmes punitifs.

Les membres de la commission insistent aussi sur le besoin d’une réforme globale, incluant des actions coordonnées entre services pour assurer un accompagnement adapté des usagers de drogues, souvent issus de milieux défavorisés. Le rapport souligne d’ailleurs les fortes inégalités sociales exacerbées par la répression, affectant de façon disproportionnée certaines communautés et alimentant le cycle de la précarité.

Et en France ?

La France de son côté continue de mettre en place une politique de répression des simples consommateurs de drogues malgré son inefficacité à réduire la consommation et leurs effets délétères sur la santé. Le modèle proposé par la commission irlandaise pourrait ouvrir une réflexion en France.

Télécharger le rapport intermédiaire de la commission parlementaire irlandaise sur l'usage de drogues (en anglais)