La réorientation des usagers de crack : un modèle qui marche… quand les moyens sont là
Face à la crise de la consommation de crack dans les rues parisiennes, l’agence régionale de santé d’Île-de-France a déployé à partir de 2022 un dispositif interrégional de réorientation. Son objectif ? Permettre aux personnes, souvent enfermées dans des conditions de précarité extrême, de s’éloigner temporairement de la violence de la rue et de s’engager dans un parcours de soins au sein de structures régionales.
Si l’approche des Jeux olympiques a sans doute accéléré cette volonté de « nettoyer » la capitale, cette initiative démontre surtout que, lorsque les pouvoirs publics se donnent les moyens, des solutions concrètes émergent.
La Fédération Addiction engagée pour soutenir les initiatives au service des usagers
La Fédération Addiction joue un rôle central dans l’accompagnement de ce dispositif. En organisant des réunions cliniques et des séminaires, elle renforce la coordination entre les structures parisiennes et celles en région. Cette synergie permet d’adapter les réponses aux situations des usagers, qui souvent cumulent violence urbaine, précarité extrême, traumatismes migratoires et rupture avec le système de santé.
Cette mobilisation prouve que lorsque des ressources et une véritable coordination sont mises en place, il est possible d’améliorer l’accueil et le suivi des personnes en grande détresse. Cependant, ce dispositif de réorientation, bien qu’efficace, ne peut être la seule réponse aux scènes de drogue à ciel ouvert.
Une stratégie globale encore attendue
Car le dispositif de réorientation en région n’est pas une solution miracle : il s’agit d’un pan d’une réponse qui doit être plus vaste et inclure une véritable stratégie globale de réduction des risques (dont l’accompagnement des consommations partout où cela est nécessaire) et de parcours de soins. Les associations d’addictologie, dont la Fédération Addiction, ont déjà proposé en septembre 2022 un Plan pour la disparition des scènes ouvertes qui reste toujours en attente d’une adoption par les autorités.
Mais le dispositif de réorientation démontre que, quand la volonté politique est présente, des réponses ambitieuses et coordonnées peuvent voir le jour. Espérons qu’après les Jeux olympiques, l’État et les collectivités ne relâchent pas leurs efforts et ne laissent pas la situation revenir à la case départ.