Un nouveau rapport de l’ONU souligne l’importance de la réduction des risques et appelle à rejeter les approches pénales en matière de drogues

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Article rédigé par Benjamin Tubiana-Rey 3 juin 2024
La rapporteuse spéciale de l’ONU sur le droit à la santé, Tlaleng Mofokeng, a remis le 30 avril 2024 un rapport qui examine les enjeux autour des interventions de réduction des risques (RdR) en matière de drogues. Elle appelle les États à renoncer aux approches pénales et à déployer l'ensemble des outils de la RdR, des traitements par agonistes opioïdes jusqu'au programme d'échanges de seringues, en passant par les salles de consommation à moindre risque et l'analyse de produits.

Après le haut-commissaire aux droits de l’homme, c’est au tour de la rapporteuse spéciale de l’ONU d’examiner les conséquences des politiques des drogues sur la santé et les droits.

Dans un rapport déposé le 30 avril 2024, Tlaleng Mofokeng s’appuie sur différents travaux et contributions afin d’analyser les incidences des politiques qui ont été menées dans le cadre de la « guerre contre la drogue ».

Elle constate ainsi que les politiques répressives aggravent les discriminations et affecte de manière disproportionnée certaines personnes, comme celles qui n’ont pas de domicile fixe ou qui sont pauvres, celles qui souffrent de problèmes de santé mentale, les travailleurs du sexe, les femmes, les enfants, les personnes LGBTIQA+, les Noirs, les peuples autochtones, les migrants, les personnes incarcérées ou détenues, les personnes handicapées, les personnes vivant avec le VIH ou souffrant de tuberculose ou d’hépatite et les populations rurales.

Dans son rapport, la rapporteuse examine également les lacunes dans la prise en charge de la réduction des risques, laquelle ne répond pas toujours, notamment, aux besoins de ceux qui ont subi de plein fouet l’effet des lois et politiques punitives en matière de drogues au fil des décennies.

Le rapport propose une série de recommandations importantes en matière de réformes politiques, de leadership communautaire, de financements et de collecte de données. Il y est question notamment de :

  • mettre fin aux pratiques et règles discriminatoires qui limitent l’éligibilité et l’accès aux services sociaux ;
  • prendre en compte les besoins et garantir l’accès aux programmes de réduction des risques des groupes vulnérables et marginalisés, tels que les populations noires et indigènes, les minorités, les personnes LGBTIQA+, les migrant·e·s, les personnes travailleuses du sexe, ainsi que les femmes ;
  • garantir un soutien politique et stratégique, ainsi que des financements stables, aux initiatives émanant des pairs ;
  • modifier ou annuler les lois et politiques qui ont des effets néfastes sur le droit à la santé et perpétuent différents systèmes d’oppression tels que le racisme et le colonialisme ;
  • décriminaliser l’usage, la possession, l’achat et la culture de drogues à usage personnel et opter pour une régulation qui place au premier plan la protection de la santé et les droits des personnes ;
  • réviser le cadre juridique international régissant le contrôle des drogues afin qu’ils s’alignent mieux sur d’autres normes et dispositions internationales en matière de droits de l’homme, de droit à la santé et de réduction des risques.

 

Télécharger le rapport « Consommation de drogues, réduction des risques et droit à la santé »